Comment peut-on mourir quand on est immortel ? Par la perfidie d’une créature et la naïveté d’une épouse… Revenons aujourd’hui sur les événements tragiques qui conduisirent à la mort d’Hercule, le plus grand héros de la mythologie.

Un centaure qui cache bien son jeu

Nessus (ou Nessos, selon les sources) est un centaure, une de ces créatures à corps de cheval et à buste d’homme qui peuplait la terre du temps de la Grèce antique. Comme tout bon Centaure qui se respecte, la patrie d’origine de Nessus est le Pélion, une petite péninsule grecque au Nord d’Athènes. Gardien du fleuve Evénos, il a un boulot plutôt peinard : il aide les voyageurs à traverser ses eaux tumultueuses.

(il doit y avoir genre 1 ou 2 voyageurs par semaine dans ce bled paumé)
(bravo la planque)

Un jour, Héraclès (ou Hercule chez les Romains) lui demande de l’aide pour la traversée. Non pas que le demi-Dieu soit incapable de franchir seul cet obstacle (il en a vu d’autre!), mais il est en compagnie de son épouse Déjanire qui n’a pas les même aptitudes physiques que lui.

Sans se méfier, Hercule confie donc sa chère et tendre au centaure et commence à nager. Une fois la traversée du fleuve effectuée, il se retourne et se rend compte que ce fourbe de Nessus est en train de violer sa femme sur l’autre rive ! Déjanire pousse des cris terribles (un chibre de cheval, ça fait très mal) ce qui provoque la colère du héros.

Ni une, ni deux, il décoche une flèche empoisonnée (trempée dans le sang de l’hydre de Lerne) qui se plante illico presto dans la cuisse de Nessus et le condamne à une mort lente et douloureuse…

« Je ne mourrai pas sans vengeance! », pense alors le Centaure. Usant de ses dernières forces, il invite Déjanire à recueillir son sang qui, tel un philtre d’amour, lui permettra de s’assurer de la fidélité d’Hercule. Connaissant les infidélités récurrentes de son mari, cette dernière se dit qu’un tel cadeau pourra lui être très utile et l’accepte sans se méfier…

Des jours, des mois, des années passent et le souvenir de cette mésaventure s’estompe peu à peu…

La tragique histoire d’ Iole

Un jour, Hercule apprend qu’un certain Eurytos, roi d’une petite province grecque, offre la main de sa fille à quiconque le battra au tir à l’arc. Ne ratant pas une occasion d’exhiber fièrement ses talents, Hercule se rend au tournoi et, bien sûr, remporte la victoire haut la main. Eurytos enrage: il était pourtant sûr de gagner, son arc lui ayant été donné par Apollon en personne ! Hercule réclame son dû alors que, à côté de son père, la jeune Iole est en pleurs. Elle sait qu’Hercule est un homme violent et imprévisible, qui a même tué ses propres enfants dans un accès de folie.

Après réflexion, Eurytos refuse de lui donner sa fille, ce qui déclenche le courroux d’Hercule. Dans un accès de fureur, il massacre Eurytos et ses fils, sous le regard apeuré de la pauvre Iole. Celle-ci parvient à s’enfuir, gravit la plus haute tour de son château et, sans la moindre hésitation, se jette dans le vide.

Iole voulait mourir, mais les dieux en avaient décidé autrement… Durant sa chute, le vent gonfle ses vêtements et, pour son plus grand malheur, elle atterrit au sol en douceur. Hercule est à la réception, la prend dans ses bagages, et la ramène avec lui auprès de sa tendre Déjanire…

Une erreur fatale !

Que son mari soit volage et qu’il mette son zob’ dans des coinstots bizarres (comme dirait Reggiani), passe encore. Mais qu’il ramène carrément ses conquêtes à domicile, là, c’en est trop ! Déjanire sort sa botte secrète et, suivant les conseils de feu Centaure, lui fait porter une tunique qu’elle a préalablement trempée dans le sang du centaure. Hercule, qui s’attendait à être accueilli avec fracas, n’en demandait pas tant… Tout content, il enfile le présent de son épouse.

Ce qui va s’ensuivre est d’une violence incroyable. Sitôt la tunique enfilée, le poison de l’hydre de Lerne imprégné dans l’étoffe se répand dans le corps d’Hercule. La scène est horrible ! Le héros ne peut plus s’en défaire : « Le tissu résiste à ses efforts et reste attaché à ses membres, ou bien il met à nu ses muscles en lambeaux », nous raconte Ovide dans Les Métamorphoses.

Ne pouvant supporter cette douleur atroce plus longtemps, Hercule rassemble ses dernières forces pour dresser un bûcher et plonge finalement dans les flammes. Ainsi périt un des plus grands héros de l’histoire grecque. Un héros qui sut faire face aux plus grands dangers que la Terre ait portée mais qui ne put survivre à la bêtise de son épouse…

C’est que Déjanire, trompée par les parles perfides de Nessus, ne voulait pas du tout la mort de son mari… Comprenant l’énorme erreur qu’elle vient de commettre, elle se donne la mort peu après.

Une vie après la mort

Rassurez-vous, chers lecteurs! Certes, la vie terrestre d’Hercule se termine à l’issue de ce drame, mais sa vie sur le Mont Olympe ne fait que commencer !

(c’est ça, l’avantage d’être fils d’un dieu)
(espèce de pistonné, va)

Selon certaines versions, il se réconcilie même avec son ennemie de toujours, la déesseHéra et épouse la déesse de la jeunesse Hébé à qui il donne deux enfants. Vive la vie éternelle!

Et aujourd’hui ?

L’expression « Tunique de Nessus », encore aujourd’hui employée dans le langage courant, désigne un cadeau empoisonné.

On peut également revêtir une tunique de Nessus lorsque l’on a une passion dévorante pour quelque chose, ou pour quelqu’un.