Qui sont les VRAIS libertins ?
Spontanément, on imagine le libertin s’adonnant aux plaisirs (seul ou en groupe) avec une extravagance et une liberté qui dépasse souvent la morale conventionnelle. Cependant, derrière cette liberté de mœurs apparente se cache une notion plus complexe.
A l’origine, le mot libertinage vient du latin libertinus et signifie « esclave qui vient d’être affranchi ». Rien à voir avec Don Juan donc.
Alors comment expliquer cette association entre libertinage et pratiques sexuelles?
Le dictionnaire de l’Académie Française de 1694 définit le libertin comme « une personne qui témoigne peu de respect pour les choses de la religion » ou plus radical: quelqu’un ayant sombré dans la débauche.
Pourtant, loin de se réduire à un petit coquin, le libertin du XVII-XVIIIe siècle était avant tout un libre penseur qui se forgeait ses opinions propres et vivait selon des principes hétérodoxes. D’où la célèbre citation tirée des Liaisons Dangereuses:
Et je puis dire que je suis mon ouvrage.
Il s’est donc en ce sens affranchi de tous les dogmes de la société, en particulier ceux dictés par la religion. C’est pourquoi sa sexualité n’était plus limitée par cette dernière.
Dans le même temps, en tant qu’institution chrétienne, le mariage s’est vu démystifié au profit d’un matérialisme radical inspiré des Lumières. Pour le libertin, l’homme ne doit plus chercher à lutter contre ses désirs car ils sont l’expression de sa nature profonde. Alors pourquoi se priver quand on peut enchaîner les conquêtes?
Mais comme on peut s’en douter, l’Eglise n’appréciait pas du tout d’être remise en question. Être libertin était mal vu, très mal vu. Le libertin était alors contraint d’exercer sa libre pensée en secret pour garder sa réputation sociale, d’où la devise latine:
Intus ut libet, foris ut moris est
qui signifie littéralement :
dedans, penser ce qu’on veut ; dehors, faire comme les usages.
De même, les auteurs accusés de libertinage étaient condamnés. On comprend alors que cette façon de voir le monde engendrait des êtres doubles, déchirés entre leur personnalité authentique et leur façade sociale.
En revanche de nombreux manuscrits, anonymes ou non, nous sont parvenus pour notre plus grand plaisir. Dans Le Sopha, le narrateur se trouve métamorphosé en canapé et raconte malicieusement toutes les aventures qui s’y passent, le sofa étant considéré par l’auteur – Crébillon – comme le meilleur endroit pour observer les pratiques de son temps sous l’angle nouveau des désirs.
Le libertinage était donc un symptôme d’une société en mutation où l’Individu a essayé de se dégager des grandes institutions qui avaient trop longtemps structuré tous les aspects de la vie.
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Djinnzz
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Je ne connais pas ce mystérieux auteur « L. », mais un peu de folie dans le style d’écriture n’aurait pas été de refus !
Le thème traité est très intéressant sinon 🙂
J’ai tout de suite vu que ce n’était pas Djinnzz qui a écrit, mais ça ne me dérange pas de nouveaux auteurs sur ETC 🙂
Merci, je prends note 🙂
J’aurai plutôt écrit : « le mariage s’est vu démythifié… » plutôt que « le mariage s’est vu démystifié… » 😉
Très juste, erreur de ma part qui sera bientôt corrigée.
The paragon of untrdseanding these issues is right here!
Je veux toujours plus d’articles de qualité. Vite le prochain je suis en manque !
J’ai l’impression que le blog est entrain de mourir petit à petit.
Il y’a de moins en moins d’articles, qui sont espacés de plus en plus dans le temps…
Les symptômes de « la fin de vie d’un blog » sont belles et bien présentes !
Comme »Observateur » je me fais du soucis pour la survie du blog ! Comment pourrais-je vous aider Djinnzz ??
Intéressant, mais pourquoi un médecin et un mari ? C’est une belle qui choisit le jeune et refuse le vieux, pourtant prêt à payer. J’ai trouvé une analyse de ce tableau là : http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1925_num_37_3_1622