Hedy Lamarr (1914 – 2000) connait son heure de gloire à Hollywood dans les années 40. Tout le monde s’accorde alors à dire que l’actrice est d’une beauté à couper le souffle, certains s’aventurant même à la qualifier de « plus belle femme du monde ». Il faut dire que la belle avait déjà passionné les foules en 1933 lorsque, dans le film Extase, elle simulait un orgasme en gros plan. Des images jugées honteuses par certains mais qui propulsa l’actrice en haut de l’affiche.

Elle enchaîne alors les succès au cinéma et ses aventures plus ou moins médiatisées avec des hommes illustres dont Charlie Chaplin, Clark Gable ou Marlon Brando contribuent à lui donner une image sulfureuse. Bref, le cul, ça fait vendre, même à la fin des années 30.

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui n’est pas la carrière cinématographique de l’actrice. Non, car le plus étonnant, c’est qu’elle mit au point en 1941 avec l’aide de son ami George Antheil un système de codage perfectionné permettant aux torpilles radio-guidées de changer de fréquences en plein course afin de rendre impossible leur détection par les sonars ennemis! La grande classe. Rendez-vous compte, nous sommes en plein milieu de la seconde guerre mondiale et des centaines de sous-marins nazis de type U-Boat sème la terreur dans les mers du monde entier. L’invention de l’actrice pourrait bien changer le cours de la guerre!

Pleine d’espoirs, Hedy Lamarr sonne à la porte de la US Navy pour décrocher un entretien et avoir l’occasion de présenter son projet. Mi-amusés, mi-intrigués, les militaires lui accordent une audience afin que la belle leur expose son invention « révolutionnaire ».

La voix un peu tremblante, elle finit tant bien que mal son exposé à une salle visiblement peu emballée. Elle attend des réactions et scrute les visages des officier présents dans la salle.

– C’est une plaisanterie? s’enquiert un homme assis à l’extrémité de la table.

– Je vous demande pardon? Le rouge commence à monter aux jours de la belle. « Mais non, je viens de vous expliquer tous les détails qui permettront aux torpilles de…

– Madame, retournez donc devant vos caméras et laissez les affaires de la guerre aux hommes dont c’est le métier.

– Mais, puisque je vous dis que…

Mais Hedy ne finit pas sa phrase. Alors que les larmes lui montent aux yeux, elle se rend compte que c’est peine perdue, l’ensemble des officiers présents se levant déjà pour quitter la pièce. Ravalant le peu de fierté qui lui reste encore, elle salue son auditoire et s’en va en claquant la porte. Trop ambitieux, trop brillant, trop en avance sur son temps, le « système Lamarr » restera de longues années dans les oubliettes.

Pendant ce temps, les navires alliés continuent à se faire couler par dizaines dans l’Atlantique…

Hedy Lamarr déposera finalement un dossier au Bureau des Brevets américains le 10 juin 1941 dans lequel elle décrit son système de commutation de fréquence dans le détail. Et l’Histoire donnera finalement raison à l’actrice. Vingt ans plus tard, en 1962, la US Navy finira par s’intéresser d’un peu plus près aux travaux de l’actrice et intégrera le système de commutation de fréquences dans son arsenal militaire. Aujourd’hui encore, les appareils modernes grand public (téléphones, GPS, wi-fi…) s’appuient sur ses travaux. Chapeau, l’artiste.

Rétrospectivement, on ne jettera pas la pierre trop vite à l’armée américaine. Quelle serait votre réaction, à vous, si subitement Clara Morgane venait taper à votre porte pour vous expliquer qu’elle venait d’inventer la machine à remonter le temps?

Bonus: La fameuse scène à scandale où Hedy Lamarr simule un orgasme dans le film Extase: